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MADE IN FRANCE

19 février 2016

MADE IN FRANCE : Une immigration chinoise à double tranchant

MADE IN FRANCE : Une immigration chinoise à double tranchant
Prix promotionnel Salon Livre Paris : Made in France ebook : 0.99 € http://www. amazon.fr/dp/2322041092 http://livre.fnac.com/a9285953/Alain -------------------------------------- Voici un interview sur mon roman. Vous aurez une meilleure perception de...
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19 février 2016

EXTRAITS DU ROMAN : MADE IN FRANCE

MADE IN FRANCE

Evénement : Salon Livre Paris 2016
19.03 10h-12h Ed.BOD Stand:1-C46

 Voici un interview sur mon roman. Vous aurez une meilleure perception de mon inititative. But : remuer les consciences sur leur vision de la communauté asiatique en France.

MADE IN FRANCE : http://pluton-magazine.com/2016/03/16/made-in-france-le-roman-trepidant-dune-saga-chinoise-a-paris/

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MADE IN FRANCE

Prix promotionnel Salon Livre Paris : Made in France ebook : 0.99 €

amazon.fr/dp/2322041092
http://livre.fnac.com/a9285953/Alain

 

Mon intention : Donner une autre vision et image de la communautè chinoise.
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Extrait 1 :

1. Paris, 1998, surplombant les hauteurs de la Butte Montmartre, la basilique du Sacrée Cœur étalait en contrebas ses binocles du temps de Jules Verne, pour offrir les meilleures vues de la capitale. Sous ses voûtes résidait une splendeur architecturale avec sa Savoyarde, la plus grande cloche de France et son chœur surplombé d’une vaste coupole de mosaïques, enseignant Jésus glorifié par l’église et la France ; deux doctrines qui ne traversaient pas les veines de notre héros, adossé à la rambarde du Sacré-Cœur. Phuc était un Chinois d’origine vietnamienne, émigré en France depuis l’âge de cinq ans. Il avait vingt-deux ans, mais en paraissait plus, car il émanait de sa personne une froideur incommensurable, avec sa mâchoire taillée, ses yeux vifs, son sourire glacial et sa main marquée par les avatars de la vie. Nul doute, cet homme avait du sang dans les veines. Toutefois, il semblait bien particulier pour un Chinois, puisque comme tout bon Français, pain, lait, bière, vin et fromage faisaient partie de son quotidien. Si bien que son physique svelte et corpulent paraissait fort atypique pour un asiatique. Il émanait de son aura un charme oriental viril peu commun, démentant le cliché faisant foi, que tous les Chinois étaient uniformément laids ou efféminés. Embusqué derrière les couches nuageuses, le soleil pointait son nez au zénith. Phuc posa sa main sur son front en guise de visière pour scruter l’horizon au loin. En haut des cimes, il semblait noble et mystérieux à la fois, avec sa luisante tignasse noire et son cou meurtri de cicatrices du destin. Soudain, son attention se braqua sur la silhouette d’un jeune Chinois traditionnel, aux lunettes rondes et au sourire de lait, assis sur un banc public au bas flanc. L’inconnu avait vingt ans, mais en paraissait moins. Phuc saisit le premier télescope à portée de main pour le pointer sur lui. À peine introduisit-il une pièce dans l’appareil qu’il en perdit la langue. Le télescope venait de confirmer son pressentiment. Mais comme tout bon disciple de Saint-Thomas, Phuc avait besoin de le voir pour y croire. Par conséquent, il dévala les étages qui le séparaient de son homonyme. Sur place, il se posa exprès devant lui pour faire de l’ombre à sa paisible lecture. Ce dernier releva sa tête. Phuc l’apostropha.

 

– Hé ! C’est toi qui roules des patins aux filles ?

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Extrait 2 :

La chambre de bonne de Kim-vy était située au 5ème étage, sans ascenseur d’un bel immeuble haussmannien, situé à quelques pas de la gare Saint-Lazare. Ce minuscule logis de 9m² lui servait tour à tour de : chambre, salon, salle à manger, salle de bain et cuisine ; au même titre qu’une femme pouvait lui servir de : mère, femme, amante, cousine et copine à la fois. Sa chambre était orientée côté sud-est. De sorte qu’en été, lorsqu’il prenait son petit-déjeuner, un rayon de soleil, très fin, enfilé de filaments poussiéreux transperçait sa fenêtre de toutes parts, projetant un faisceau lumineux dans le reflet du miroir de son armoire, qui de ricochet en ricochet finissait par s’échouer sur sa tasse de café. Cette cérémonie bucolique matinale lui faisait oublier son refuge d’étudiant, dans lequel il formatait son cerveau de formules algorithmiques. Faut dire qu’à l’école primaire, le jeune homme était déjà un élève studieux, un véritable fort en thème avec une soif insatiable d’apprendre et de comprendre, à tout moment de la journée. Si bien qu’au terme de son cycle en CE2, la maîtresse surprise par ses brillants résultats scolaires demanda au directeur d’école de le faire sauter de classe. Ce dernier appuya la pétition. L’enfant gagna une année sur ses camarades. La chance lui sourit de nouveau lorsqu’il obtint son bac scientifique, avec une mention d’excellence. Cette prouesse lui prévalut une bourse d’étude pour la branche électronique et informatique de Polytech Paris UPMC, la grande école d’ingénieur de l’Université Pierre et Marie Curie.

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 Extrait 3 :

L’entraînement devenait ainsi une condition sina qua none à sa survie dans les banlieues. Dans cette faune sauvage où les hommes étaient concentrés à détruire l’autre au premier son de cloche, Phuc savait qu’il ne pensait pas comme eux. Son méta se traduisait davantage par l’équilibre d’un esprit lucide dans un corps sain. Le cœur ouvert et luttant pour gagner son respect, il avait appris que pour contourner toute forme de violence extérieure, il devait canaliser avant tout sa violence intérieure. De ce fait, il ne cherchait jamais la compétition sur le ring. Bien au contraire. Il cherchait plutôt à comprendre cette rage intérieure enfouie au fond de son être, cette rage dont il ne percevait pas l’origine, tout comme l’homme ignorait le sens de la vie. Ainsi, avec temps et volonté, Phuc était parvenu à une dimension plus profonde du combat, bien au-delà de la simple notion de victoire ou défaite. L’école de la rue lui avait enseigné à trouver un toit pour se protéger des loups qui rôdaient dans les parages. Tandis que les arts martiaux lui avaient inculqué cet équilibre qui faisait tant défaut à sa structure mentale. De même que ses maîtres spirituels, supplantant le rôle du père absent, avaient forgé son caractère avec des principes tels que : <>, <>.

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Extrait 4 :

Au fond de la cour, un vieux sage pratiquait le tai chi, faisant virevolter sa lame d’acier avec une dextérité époustouflante. Tel un ermite Shaolin, il se complaisait dans la plénitude de son isolement, à l’ombre d’un peuplier centenaire. On l’appelait Père Ming. Il ressemblait à un personnage de la mythologie taoïste avec sa barbichette blanche et son inséparable bâton. Ce savant était apprécié par ses pairs pour son optimisme, sa joie, sa philosophie et sa tolérance, qu’il prodiguait à longueur de journée, malgré ses multiples déboires dans la vie. Son omniscience ici-bas était bien peu commune, puisqu’il ouvrait les portes de l’autre monde à ses disciples, pour les guider vers la découverte de leur propre voie, pour qu’ils devinssent un jour leur propre maître. Tel un garde-champêtre, dont la brebis égarée faisait appel pour retrouver son troupeau, Père Ming semblait l’unique garant d’une tradition millénaire, qui prendrait enfin un sens, dans cette communauté chinoise sclérosée par la gangrène capitaliste. Pour ce motif, son enseignement était un véritable privilège, réservé à une poignée de fidèles, choisis par les aléas de la vie. Kim-vy faisait partie de ce cercle d’heureux élus, depuis le jour où il avait témoigné à cet ancien son intérêt pour le xiangqi, le jeu d’échec chinois. Ce soir-là, Père Ming était en pleine communion avec son art lorsque soudain une silhouette sortie de l’ombre s’avança vers lui.

 

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– Que dois-je faire d’après vous Père Ming ? J’avoue que je ne sais plus qui écouter à la fin.

– Écoute toujours ta voix intérieure lorsque ton esprit est confondu mon fils. Elle saura te guider vers la raison pour prendre une décision judicieuse. Un conseil : choisis toujours la voix que tu entendras en premier lieu, celle qui vient du cœur. Et non la deuxième, celle de la conscience, qui t’induira en erreur.

– Eh bien ce n’est pas facile. Parfois, les pensées s’entrechoquent tellement dans ma tête.

– Ne pense pas autant mon enfant. N’oublie pas qu’une pensée, c’est déjà une action qui peut se répercuter sur ton entourage. Écoute plutôt ton cœur.

– Regarde. Approche-toi. Vois-tu ces deux boucles ? dit-il en entrecroisant les pouces et index de chacune de ses mains pour former deux anneaux scindés entre eux.

– Oui.

– Eh bien elles représentent le Yin et le Yang. Elles semblent identiques, mais sont en réalité opposées. Unies par les Lois de la Nature, tu ne peux rien faire pour empêcher leur union. Si l’un va mal, l’autre aussi et vice-versa. Par conséquent, ne rejette pas tes opposés, sinon tu rentrerais en conflit avec toi-même, contre les lois de la Nature. Au contraire, il vaut mieux se confronter à eux et les accepter tels qu’ils sont dans leur unité.

– Mais pourquoi vous me parlez de tout ça Père Ming ?

– Parce que vous me rappelez tous les deux ce concept. Il semblerait que ton ami a une forte influence sur toi. Et vice-versa. Il en va de même pour tes deux cultures qui font partie de toi. Tout est régie par le Yin et le Yang mon fils. Je vais te montrer un autre exemple. Père Ming sortit de son porte-monnaie deux pièces de 50 centimes.

– Ferme tes yeux.

L’étudiant s’exécuta. Puis, Père Ming saisit la main de l’étudiant pour entrecroiser son doigt majeur avec celui de l’index.

– À présent, fais le vide dans ton esprit mon enfant reprit-il.

Ensuite, le vieux sage fit glisser une pièce à l’extrémité des deux doigts entrecroisés de l’étudiant.

– Maintenant, dis-moi combien de pièces tu ressens ?

– Eh bien deux pièces répondit l’étudiant avec assurance.

– En es-tu sûr mon enfant ?

– Attend…eh bien oui…il y a bien deux pièces, sans aucun doute.

Père Ming esquissa un léger sourire.

– Très bien, tu peux ouvrir tes yeux à présent dit Père Ming en esquissant un sourire.

Kim-vy s’exécuta. À son grand étonnement, il ne découvrit qu’une seule pièce au bout de ses deux doigts entrecroisés.

– Oh c’est incroyable ! J’aurais pourtant juré qu’il y en avait deux !

– Eh bien tu as eu cette impression. Ce n’est pas tout à fait la même chose. En vérité, il n’y en avait qu’une. De même que tu as le sentiment d’avoir une double culture, mais n’oublies pas que tu n’es qu’une seule personne au bout du compte.

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Extrait 5 :

Cambodge, 15 mai, 1975, le ciel arborait un soleil radieux, en contraste avec le décor de désolation qui se déroulait dans le pays ce jour-là : des bombes à retardement qui explosaient à tout vent, des sillons de fumée en filigrane parcourant le ciel azuré, des foules de gens transplantés d’un village à un autre, des enfants criant à corps et âmes après leurs parents, des arbres, des routes, des statues sacrées réduites à néant, tel était le décor apocalyptique dressé par les troupes rebelles khmers rouges après leur passage. Une date comme une autre pour certains historiens sans scrupules, qui verrait en cette date une simple épine de l’Histoire. Or, ce jour-là, la foule luttait avec acharnement pour franchir le portail de l’ambassade de France à Phnom-Penh, mise à feu et à sang. Dans le tumulte, les gens jouaient du coude pour se frayer un passage, les enfants étaient piétinés au sol, les personnes âgées étaient proches de l’apoplexie et les femmes enceintes sur le point de mettre bas au monde. Tandis qu’un bataillon de militaires armés jusqu’aux dents formait un bouclier inhumain devant le portail. L’effort était incommensurable et la chance de réussir infime pour ces âmes sous le joug du despote Pol pot. Une foule de cinq cents personnes luttait pour obtenir ce fameux visa d’apatride, symbole de délivrance contre la tyrannie pour eux. Mais ce jour-là, seulement une poignée parmi eux bénéficiera de l’asile politique. Dès l’aube, Kim-vy et sa famille avaient fait la queue devant l’entrée de l’ambassade. Les parents luttaient contre vents et marées pour se frayer un passage dans cette marée humaine déchaînée. Pou, le père, se tenait en tête de cortège. Tandis que Matai, sa femme, restait en retrait pour encadrer leurs cinq enfants. À base de ténacité et de patience, leur tour arriva enfin. Kim-vy et sa famille franchirent le portail

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Extrait 6 :

– Ces jeunes ont été déracinés tout comme nous. C’est pour ça qu’ils ne se sentent pas bien dans leurs peaux. Comme tous les déracinés, ils n’auront jamais une identité unique. Ils seront toujours mis au ban de leurs deux cultures. Regarde-toi par exemple, avec ta perception chinoise de la vie, tu es différent des Français : leurs blagues, leurs pensées, leurs idées tu ne les comprendras jamais comme un Français. De même que tu ne seras jamais accepté comme un Chinois par les Chinois. Tu es déjà trop Français pour eux, de par ta façon de parler, penser, t’habiller. Nous avons la chance d’avoir une double culture. Tu ne trouves pas que c’est mieux que d’en avoir qu’une seule ? En d’autres termes, pourquoi veux-tu une identité unique ? Ne vois-tu pas que cela attise la haine raciale ?

– Mon pauvre ami. Effectivement, t’as vraiment un problème d’identité. Moi, vois-tu je n’ai pas ce problème. Je sais d’où je viens, qui je suis et où je vais. C’est-ce qu’on appelle avoir les idées claires. Nous sommes une nation riche, avec un patrimoine culturel important et nous nous intégrons bien partout où nous allons. Je suis fier d’être Chinois. Où est le problème ?

– Que fais-tu de tes origines françaises ? Tu vas me faire croire que tu n’en as pas peut-être ? Arrête de te mentir à toi-même.

– Sais-tu quel est ton problème ? Tu as oublié que t’es un Chinois. C’est ça ton problème. Un conseil : Si tu veux être heureux dans la vie, n’oublie jamais tes origines. Ton esprit me semble bien confondu actuellement.

– Non. Au contraire, j’ai les idées bien claires. Je crois que c’est important de ne jamais oublier d’où l’on vient. Notre culture. Nos valeurs. Nos origines. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut rejeter l’autre, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

– Je ne suis pas d’accord. Sans identité tu es perdu dans la société. Tu ne sais pas comment donner une orientation à ta vie.

– De quelle société parles-tu ? Celle qui te dit que tu t’intègres bien dans leurs pays ? Le danger vient d’eux justement. Car ils ont besoin d’avoir une identité, une culture et une nation unique. Vois-tu, c’est à partir de leur esprit réducteur, que naît la haine de l’autre. Le mélange des races est le meilleur remède contre les guerres, le génocide des peuples, le massacre du Cambodge. C’est ça nos origines. N’oublie jamais ça !

– Utopie ! Pure utopie tout ça ! Ton monde est beau, mais pas réel. Dis-moi tu ne serais pas devenu anarchiste par hasard ?

– Non. Par contre, toi t’es devenu un raciste, qui a vécu trop longtemps dans la haine de l’autre.

 

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Extrait 7 :

Au même moment, au fond d’une ruelle insalubre de Ménilmontant, la joie s’installait sous les chaumières des âmes perdues dans les limbes de l’ivresse. Au cœur d’un quartier de logements HLM, un trio infernal festoyait chez eux sur fond d’accordéon. Ce trio était formé d’un couple avec leur enfant adoptif, hors du commun. Henry, la cinquantaine, avait des allures de fripon, avec sa tête de maquereau, son œil de pirate, son dos courbé et ses épaules lâches. De nature nerveuse et impulsive, il était sujet aux troubles bipolaires chroniques. À ses côtés, se tenait Blanche, sa compagne d’infortune. Meurtris par les aléas de la vie, cette femme d’une quarantaine d’années avait sombré très jeune dans l’abus d’alcool, drogue et tabac. Elle avait pour particularité de boiter de la jambe droite. Petit Louis, la vingtaine était une véritable armoire à glace, avec ses deux mètres de hauteur pour cent vingt kilos de muscle. Il portait les stigmates d’un gangster des bas-fonds, avec sa tête tondue, son cou inexistant, son dos trapu et sa cicatrice, tailladant son visage aux contours d’acier. Or, ce n’était qu’un simple d’esprit, avec le QI d’un enfant de cinq ans.

 

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Extrait 8 :

20h00. De retour dans sa geôle aux volets clos, Kim-vy s’adonna à sa révision journalière. Il passa en revue ses manuels informatiques. Mais rien à faire. Il ne parvenait pas à se concentrer. Cloîtrer entre les murs de sa chambre de bonne, le poker ne cessait d’accaparer ses pensées. Il se sentait prisonnier de son propre monde, de son propre vice, de lui-même. Tandis que les propos de Shik martelaient son esprit en leitmotiv. L’étudiant sur les rotules s’achemina vers la salle de bain d’un pas lourd. Sur place, il plongea son regard dans le miroir. Ses yeux injectés de sang retranscrivaient son malaise, sa tentation. L’obsession du jeu était si intolérable qu’il avait fini par fuir son nid de moineau. Une demi-heure plus tard, l’étudiant franchit de nouveau les portes du tripot. Ce soir-là, en retournant sur les pas de son vice, il était tombé dans l’engrenage du jeu. Mais emporté par sa fougue juvénile, il n’en prenait pas conscience. Circulant de tables en tables, il s’arrêta sur celle qui lui avait portée chance la dernière fois. Mais après trois heures d’acharnement, ses gains ne décollèrent toujours pas. En conséquence de quoi, il était plus déterminé que jamais à faire sauter la baraka

 

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Extrait 9 :

– Quant à votre prêt, je suis sincèrement navré de vous le dire. Mais de toute façon, nous n’aurions pas pu vous donner une suite favorable. Je tiens à vous le dire d’emblée, pour éviter d’amorcer une nouvelle demande, qui dans tous les cas n’aboutirait à rien.

– Et pour quel motif ?

– Pour motif d’insolvabilité monsieur Trinh. Je suis désolé. Nous avons besoin de garantie plus solide pour vous concéder un tel prêt. Je sais que vous êtes client chez nous depuis longtemps, mais malheureusement cela ne suffit pas. Vous n’avez aucun revenu stable, aucune propriété foncière, ni même de patrimoine. Mettez-vous à notre place cher monsieur.

– Écoutez, moi et mon partenaire on connaît ce business à fond et on a tous les contacts qu’il faut pour monter cette entreprise. Ce prêt vous sera remboursé dans les deux ans qui suivent. Je vous donne ma parole d’honneur.

– Je regrette monsieur. Vous n’avez vraiment personne dans votre famille qui accepterait de se porter garant pour vous ?

– Garant de quoi ! Écoutez-moi. Je suis Chinois et mon partenaire est Juif. Que voulez-vous de plus comme garantie ?

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Extrait 10 :

La pyramide hiérarchique de son clan se traduisait de la forme suivante : au sommet, trônait le chef suprême, la tête de dragon, dont l’identité demeurait inconnue de tous. En deuxième ligne, les chefs locaux, tels que la Main de fer, régissaient dans chaque district de Chinatown. Ces hommes avaient pour fonction de faire respecter la Loi et les ordres du chef suprême. En 3ᵉ ligne, se dressait une armada de spécialistes en arts martiaux sous les ordres des chefs locaux. Ces hommes représentaient les bras armés de l’organisation. Chaque membre du

clan avait un sigle numérique qui déterminait sa position dans l’organigramme et ce sigle débutait généralement par le chiffre ‘’8’’, chiffre porte-bonheur en Chine. Par exemple : le numéro ‘’81’’ faisait référence à la Main de fer, le ‘’82’’ à son bras droit, le ‘’83’’ au comptable, le ‘’84’’ au délégué aux affaires extérieures et les numéros ‘’89’’ aux bataillons de soldats chargés de faire suivre les ordres des supérieurs. Chacun de ces sigles donnaient lieu à un geste de reconnaissance, que ces hommes devaient reproduire lorsqu’ils croisaient un membre de l’organisation sur leur chemin. Ce clan gérait un large éventail d’activités illicites avec ses 480.000 membres, répartis dans le monde entier, depuis le racket jusqu’au tripot, prostitution, drogue, vente d’armes, usure et fraudes bancaires.

Ce jour-là, la Main de fer recevait dans son bureau un honorable commerçant de la Porte de Choisy.

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Extrait 11 :

Le beau parleur enseigna ses cartes. Il lui promit monts et merveilles à Paris. Il lui fit croire que dans cette capitale de la mode, peu de chinoises possédaient sa beauté naturelle et sa silhouette longiligne et que grâce à ses contacts, elle deviendrait la future égérie de la mode parisienne. Mei Li n’en croyait pas ses yeux ! Elle allait porter ces robes à la mode qu’elle avait confectionnées à l’usine. Elle allait ressembler à ces mannequins qui apparaissaient dans les pages de journaux, jonchant le sol du boui-boui de sa défunte tante. Elle allait même être payée pour ça. Quelle ironie du destin ! Quel conte de fée envoûtant ! Cependant, il lui demanda une petite faveur en contrepartie : pas grand-chose, juste la totalité de son héritage, pour financer les frais de voyage. <> disait-il. C’était son argument de choc lorsqu’elle lui posa ingénieusement la question : << pourquoi autant d’argent ? >>. De toute façon, Mei Li n’avait aucune notion de monnaie. Certes, depuis son plus jeune âge, elle avait travaillé à la sueur de son front. Mais elle l’avait toujours fait pour le compte d’autrui. En somme, elle n’avait jamais vraiment palpé les billets et ne prenait pas conscience de leur valeur. Mais, surtout, elle ne réalisait pas que l’être humain pouvait vendre son âme pour un vulgaire bout de papier. Sur le fond, cette éternelle rêveuse ne désirait qu’une seule chose, que son prince charmant l’emmenât loin d’ici. Seulement voilà, le Père-Noël est aussi une ordure en Chine. Aveuglée par l’amour, elle confia sa fortune au beau parleur ou plutôt au beau passeur. Mais qu’importe ! Elle allait enfin voir Paris, la ville des lumières. Rien à voir avec la lumière morne, amorphe et répressive qu’elle avait connu jusqu’alors. Non. Elle allait découvrir enfin une toute autre lumière, bien plus écarlate, bien plus scintillante. Elle appréhendait tant cette lueur, cette éclipse de joie sur son visage, pour la première fois de sa vie. De ce fait, elle entrevoyait cette opportunité tel un filament d’espoir dans son destin sinueux, parsemé d’embûches. Car elle était bien consciente qu’elle n’était qu’une pauvre paysanne chinoise vouée à l’échec dès sa naissance.

 

L1

 

 

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  • Conflit identitaire d’un étudiant chinois modèle tombé dans l’enfer des tripots mafieux du 13ème. Une autre vision de la communauté asiatique en France, celle qui s'intégre et s'ouvre.
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